Décès aujourd’hui après un concert de Didier Lockwood … bien trop jeune, 62 ans.
Mais je suis sûr qu’il a déjà rejoint sur un nuage Stéphane Grappelli et Michel Pétrucciani. Et que ce fabuleux trio les régale, tout là haut, d’un bœuf éternel.
Décès aujourd’hui après un concert de Didier Lockwood … bien trop jeune, 62 ans.
Mais je suis sûr qu’il a déjà rejoint sur un nuage Stéphane Grappelli et Michel Pétrucciani. Et que ce fabuleux trio les régale, tout là haut, d’un bœuf éternel.
En passant devant lui dans l’une des salles du Musée Granet à Aix-en-Provence, Rembrandt van Rijn me fixe droit dans les yeux …
Trois siècles et demi nous séparent, mais son regard intense traverse le temps. Pourquoi me dévisage-t-il aussi intensément ? Veut-il, à la suite de ce selfie du 17ème siècle, vêtu de ses habits de peintre, blouse et béret, faire à mon tour mon portrait ?
« (Son) regard est celui d’un homme qui a fait de l’introspection un art, en même temps qu’il n’en finit pas d’interpeller qui le contemple. » (Brigitte Masson)
Connaissez-vous Satoshi Nakamoto ? C’est l’homme en passe de devenir le plus riche du monde. Enfin, si c’est un homme, car on ne sait toujours pas qui se cache derrière ce patronyme. Une bande de geeks, une mafia, un génie misanthrope ?
Satoshi Nakamoto est l’inventeur du bitcoin, cette monnaie virtuelle qui rend dingues les spéculateurs de tout poil : de 13 $ il y a 5 ans, le bitcoin a atteint 750 $ en janvier 2017 avant de grimper vers les 20000 $ en décembre 2017 !
Tout ceci ne serait qu’enfantillages d’adultes cupidement addicts aux jeux d’argent si le bitcoin n’entraînait pas d’ahurissantes consommations d’énergie. En effet, la création (appelée le « minage ») de bitcoins nécessite 35 milliards de kWh/an(1), soit l’équivalent de la consommation électrique du Danemark ou de l’Algérie !
Pourquoi une telle débauche d’énergie alors que le bitcoin est supposé être une monnaie virtuelle, à l’inverse des très réels lingots d’or ou pièces d’argent ? Tout se passe comme si, simultanément, des joueurs remplissaient chacun un gigantesque Sudoku ne pouvant être résolu que par de très lourds calculs informatiques. Celui qui trouve la solution en premier est récompensé en bitcoins, la résolution de la grille étant rendue publique. Puis tous les joueurs repartent à zéro sur une nouvelle grille. Plus le temps passe, plus les bitcoins sont difficiles à trouver, leur nombre total ayant été limité par Satoshi Nakamoto à 21 millions.
Tout ce qui est rare étant cher, la valeur du bitcoin augmente, et donc son attractivité. De plus en plus de joueurs cherchent donc à résoudre des grilles de Sudoku de plus en plus grandes en y consacrant de plus en plus de moyens informatiques. Bien sûr aucune régulation ne limite le « minage » des bitcoins, et partout dans le monde surgissent des « fermes » informatiques, des parcs de milliers de serveurs tournant jour et nuit pour « miner » les bitcoins. Ainsi en Mongolie une « ferme » de 21000 machines « extrait » environ trois précieux bitcoins par heure. Une activité hyper-rentable, hyper-consommatrice d’électricité et hyper-polluante car toute l’énergie électrique consommée y est produite par des centrales au charbon !
Ainsi une fois de plus, de brillants cerveaux humains ont engendré une créature censée améliorer notre existence, et qui se révèle au mieux inutile, au pire auto-destructrice. Tel Frankenstein, elle échappe à ses géniteurs, hypnotisés par leur propre génie. Et la liste de ces créatures nuisibles ne cesse de s’allonger : bombe atomique, OGM, sac plastique, subprimes, glyphosate …
Dans un remarquable petit livre « Petite métaphysique des tsunamis » (Le Seuil, 2005), le philosophe Jean-Pierre Dupuy écrivait « Nous savons aujourd’hui que l’humanisme orgueilleux qui donne au monde moderne son dynamisme inouï met en péril la continuation même de l’aventure humaine. » Assurément, nous y sommes.
Et Dieu dans tout ça ? Enfin je veux dire Satoshi Nakamoto ? C’est le plus malin de tous : ayant été un temps le seul « mineur de bitcoins », il a amassé une richesse incommensurable. Il vient d’indiquer, fortune faite, « être passé à autre chose … ».
Seuls quelques surdoués pour la spéculation profitent donc de ces diaboliques bitcoins. Tous les autres, vous, moi et la planète sommes les bitcons de cette mauvaise farce.